110 ans de vie musicale locale (2)

Mais La Philharmonie joua aussi pour les victimes de la Montagne Pelée en Martinique (1902), celles de la catastrophe minière de Courrières (1906), pour l’inauguration, près de Wissembourg, du monument aux morts de 1870 (1909).

Par esprit protestataire et francophile la programmation de La Philharmonie tendait à privilégier les compositeurs français et alsaciens. C’est ainsi que furent créées en 1904 les Scènes Alsaciennes de Jules Massenet, en 1910 la Procession Nocturne d’Henri Rabaud et la Symphonie en fa de Léon Boëllmann, puis en 1913 ses Scènes du Moyen-Age. Les noms des compositeurs alsaciens Auguste Bopp, Eugène Fritsch, Victor Nessler et Marie-Joseph Erb figurent également en bonne place dans les programmes de l’époque.

Dans l’euphorie de la paix retrouvée après le cauchemar de la Grande Guerre, la Philharmonie joua lors de la cérémonie de ré-ouverture de l’Université, présidée par le Maréchal Foch (1919), elle prit sa part à la solidarité nationale en donnant des concerts de gala au profit de la reconstruction des régions sinistrées (1921), du Sanatorium des Etudiants (1925). Elle vola même « Au secours du Franc » jusqu’à l’Opéra de Paris (1926).

La Philharmonie à Paris en 1926En ces années réputées folles, la Philharmonie se mit à prendre la vie du bon côté. La popularité de ses concerts statutaires au Palais des Fêtes et à l’Orangerie, la fidélité de ses membres cotisants et la saine gestion de ses finances permirent à la Société de cultiver une vie associative généreuse et conviviale. C’est l’époque des soirées familiales, des sorties à la campagne et des plaisirs de la table.

La tourmente d’une nouvelle guerre mondiale et de l’occupation allemande fit courber l’échine à la Philharmonie. Etroitement encadrée par le nouveau pouvoir, elle dut se prêter bon gré mal gré à plus d’une manifestation de propagande, mais put néanmoins continuer à donner régulièrement ses concerts, à condition d’éviter les œuvres mises à l’index par les Allemands. Pour contribuer à soulager les traumatismes des années brunes le premier concert après la Libération fut donné au profit des sinistrés de la ville de Strasbourg.